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"The future is female", "Girl Power", "Yes, I’m a feminist"… Autant de slogans affichés fièrement sur des t-shirts vendus à quelques euros. Mais avez-vous déjà réfléchi à qui les a fabriqués ? Les droits des femmes ont-ils été respectés tout au long de la chaîne de production de ce vêtement que vous portez avec conviction ?
Car oui, promouvoir l’émancipation des femmes, c’est essentiel. Mais encore faut-il que cela ne se fasse pas au détriment d’autres femmes, exploitées à l’autre bout du monde pour produire ces mêmes t-shirts. Porter un message féministe sur un vêtement qui perpétue les inégalités, c’est une contradiction qui mérite qu’on s’y arrête.
Alors, comment concilier mode et féminisme de manière éthique et cohérente ? C’est ce que nous allons explorer ensemble.
Publié le 14 fév 2025
Temps de lecture : 4 minutes
La fast fashion, ennemie du féminisme ?
80 % des ouvriers du textile sont des femmes, souvent sous-payées et exposées à des conditions de travail précaires. Non, ce n’est pas pour garantir leur autonomie économique, mais bien parce qu’elles représentent une main-d’œuvre docile et corvéable à merci.
L’inégalité des sexes est systémique dans l’industrie de la mode, des postes de direction aux ateliers. Dans ces derniers, les femmes employées sont majoritairement jeunes et issues de milieux défavorisés. On les recrute sans expérience, on veille à ce qu’elles n’aient pas d’enfants, et surtout, on les prive de tout pouvoir.
Exploitation, violence et humiliations sont leur quotidien :
- Salaires misérables et cadences infernales.
- Conditions de travail dangereuses et absence de droits fondamentaux.
- Harcèlement, humiliations, violences physiques et sexuelles.
En Asie du Sud-Est, une ouvrière sur deux a été victime de violences sexuelles sur son lieu de travail (2019).
💔 Ironie cruelle : on exploite des femmes dans une partie du monde pour prétendre les rendre autonomes dans une autre.
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L’écoféminisme : repenser la mode pour les femmes et la planète
L’écoféminisme, un courant né dans les années 1970, établit un lien entre l’exploitation des femmes et celle de la nature. Il considère que les violences exercées sur les femmes (exploitation économique, violences sexistes…) et celles infligées au vivant (surexploitation des ressources, destruction des écosystèmes…) sont les symptômes d’un même système oppressif. (Voir notre article : L’écoféminisme : du droit des femmes à la sauvegarde de la nature.)
Saviez-vous que 1,2 milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour ? En 2012, cela représentait 17 % de la population mondiale, soit près d’une personne sur cinq. Parmi elles, 70 % sont des femmes.
Autrement dit, les femmes sont en première ligne face à la précarité, et donc aux conséquences du changement climatique. Plus le climat se dérègle, plus les populations vulnérables s’appauvrissent… et ce sont les femmes qui en subissent les premiers impacts.
💔 Fast fashion et exploitation des femmes : un cercle vicieux
Les marques de fast fashion emploient des millions de personnes dans les pays en développement. 80 % de cette main-d’œuvre est féminine.
L’exemple de la pandémie illustre parfaitement cette dépendance toxique : lorsque les marques ont annulé leurs commandes, des milliers de travailleuses se sont retrouvées sans salaire du jour au lendemain. Certaines ont dû travailler gratuitement pour ne pas perdre leur emploi. D’autres ont sombré dans une précarité extrême, favorisant des drames tels que :
- Mariages forcés de jeunes filles pour assurer la survie des familles
- Trafic et exploitation des femmes
Chaque année, 12 millions de filles de moins de 15 ans sont mariées de force. On estime que ce chiffre augmentera de 2,5 millions dans les cinq prochaines années… en grande partie à cause de l’effondrement économique lié à des industries comme la fast fashion. Tout cela pour que nos vêtements coûtent moins cher qu’un sandwich.
Comment adopter une mode féministe et écoféministe ?
Si nous voulons une mode plus juste, nous devons en tant que consommateur·trices aller au-delà des slogans féministes sur des t-shirts produits par l’exploitation des femmes.
- Soutenir des marques engagées qui respectent les droits des travailleuses et l’environnement.
- Privilégier les vêtements éthiques, de seconde main ou upcyclés pour limiter l’impact écologique.
- Se renseigner sur les conditions de production et exiger plus de transparence des marques.
- Consommer moins, mais mieux : acheter un vêtement à son juste prix, c’est aussi payer dignement les femmes qui l’ont fabriqué.
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La mode peut-elle être un vrai levier féministe ?
Une mode véritablement féministe ne peut pas se limiter à des slogans accrocheurs sur des t-shirts fabriqués dans des ateliers d’exploitation. Elle doit remettre en question le système, repenser nos modes de consommation et défendre des conditions de travail justes et respectueuses pour toutes les femmes.
💡 Bonne nouvelle : des initiatives existent déjà pour faire bouger les lignes ! Marques éthiques, labels garantissant des salaires décents, circuits courts, production locale… Le changement passe aussi par nous.
Chez L’Envol du Colibri, nous nous engageons à ne travailler qu’avec des marques éthiques, garantissant transparence et respect des droits humains sur toute la chaîne d’approvisionnement. Parce que le vrai GIRL POWER, c’est aussi de soutenir celles qui fabriquent nos vêtements dans des conditions dignes
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Source : Changeons de mode ! – Mathilde Lepage