L’écoféminisme est un mouvement né dans les années 70 qui revendique des liens indissociables entre la crise écologique et les luttes sociales. Grille de lecture permettant d’analyser les différentes oppressions que subissent certaines populations, l’écoféminisme se positionne notamment en faveur du droit des femmes et de la préservation de la nature.
L’écoféminisme : du droit des femmes à la sauvegarde de la nature
Publié le 31 aoû 2023
Temps de lecture : 4 minutes
L’écoféminisme, c’est quoi ?
L’écoféminisme, un courant né dans les années 70, considère que la violence qui s’exerce sur les femmes (exploitation économique, violences sexistes…) comme celle qui est opérée sur le vivant (exploitation des ressources, destruction des terres, etc.) est une seule et même oppression.
Sa grille d’analyse tisse des liens entre toutes les formes de domination, de classe, de « race », etc. et articule des questions écologiques et de justices sociales. L’écoféminisme n’est donc pas qu’une juxtaposition d’écologie et de féminisme.
Les femmes possèdent, gagnent et épargnent moins que les hommes
D’après les statistiques, les femmes assurent une part disproportionnée du travail domestique non rémunéré. Elles occupent aussi des emplois moins valorisés socialement et financièrement, ce qui les pénalisent d’un point de vue économique.
« Actuellement en France, la retraite moyenne d’une femme est de 1100€ par mois, contre 1900€ pour un homme. Ces 800€ d’écart s’expliquent par le fait que tout au long de la vie professionnelle, les femmes sont moins payées, subissent beaucoup de temps partiel ou d’arrêts de travail pour élever les enfants. » - Jeanne Burgart Goutal, ReSisters.
Les femmes ont également moins de possessions matérielles et plus de difficultés à accéder au crédit que les hommes. Pour toutes ces raisons, elles sont touchées de manière disproportionnée par les changements climatiques.
Les femmes plus exposées aux conséquences du dérèglement climatique
Les dérèglements climatiques ont un impact important sur l’alourdissement de la charge de travail domestique non-rémunéré, laquelle est principalement assurée par les femmes. Ces dernières ont aussi plus de difficultés à s’adapter aux conséquences des changements climatiques (mobilité géographique, sociale, adaptation de l’habitat ou de l’alimentation…).
« Les femmes auraient 14 fois plus de risques de mourir en cas de catastrophe naturelle. Cela s’explique par le système patriarcal qu’il y a derrière. Dans beaucoup de pays, on n’apprend pas aux femmes à nager, à conduire ou à faire du vélo, donc elles ont beaucoup moins de possibilités de fuite. Elles sont aussi censées rester au foyer avec les enfants et les protéger. Ou elles ne peuvent pas s’en aller sans l’autorisation d’un homme. » - Jeanne Burgart Goutal, ReSisters.
Face aux impacts disproportionnés du changement climatique sur les femmes, l’écoféminisme cherche à rendre visible le travail domestique (préparation des repas, soin de la maison et des enfants...), le travail surexploité à l’autre bout du monde pour fabriquer les objets de notre quotidien, ou encore le travail d’autorégénération des écosystèmes.
Un combat pour l’égalité et la préservation de la nature
Selon les écoféministes, l’exploitation de la nature et la domination masculine (le patriarcat) ont de profondes racines communes et mettent en œuvre des mécanismes analogues (objectivation, dévaluation, violence...).
Ainsi, l’exploitation de l’environnement par les êtres humains et l’oppression des femmes peuvent se combattre ensemble.
Aujourd’hui, de nombreux mouvements écoféministes proposent de repenser les systèmes sociaux et économiques afin de sortir des schémas d’exploitation de la nature comme des minorités de genre.
Construire un monde plus égalitaire et plus durable est possible
L’urgence écologique est de plus en plus sensible pour tout le monde. En 2023, les luttes environnementales menées par des femmes sont particulièrement vivaces. On observe d’ailleurs une inscription croissante de l’écoféminisme dans le quotidien.
Les jeunes femmes cherchent à dépatriarcaliser les rapports intimes. L’alimentation est aussi au cœur du mouvement aujourd’hui, par exemple avec la montée des alternatives végétariennes. Les femmes luttent contre l’extractivisme, la déforestation, la fast-fashion et la surconsommation. Elles s’inscrivent dans les principes du commerce équitable, du zéro-déchet et cherchent à s’engager vers un monde plus durable.
L’écoféminisme parle des interconnexions entre différentes luttes et veut remettre en cause le système dans son ensemble. L’idée n’est pas d’accéder en haut de la pyramide, mais plutôt de transformer cette structure pour construire à la place un système plus coopératif, circulaire et démocratique.
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Sources :